
L'AEROTRAIN
La folle histoire du bolide futuriste oublié
Nous avons découvert l’existence de ce bolide fou il y a seulement quelques mois. C’est pourtant l’un des projets de transport les plus ambitieux de l’histoire de France. Imaginé par Jean Bertin dans les années 1960, ce système de transport ferroviaire à sustentation qui reposait sur coussin d’air, devait offrir une alternative rapide et écologique aux trains traditionnels. Outre ses promesses et performances hors norme, c’est surtout son design rétro-futuriste, tout droit sorti d’un film de science-fiction qui interpelle encore aujourd’hui.


Il faut absolument qu’on le voit de nos propres yeux et qu’on le prenne en photo ! Après quelques recherches, nous découvrons que part chance, les deux seuls prototypes restants sont conservés à l’Univem (musée des véhicules de la Libération), à Versailles.
Lors de nos deux premières visites, les engins sont bâchés et nous apercevons seulement quelques détails. Déception mais excitation grandissante de découvrir le reste. Nous arrivons à entrer en contact avec les membres de l’association Jean Bertin et prenons rendez-vous : Le expérimental 01 (restauré et désormais classé comme monument historique depuis 2023) et le expérimental 02 (plus avancé que le premier, est celui qui a battu le record de vitesse des 430km/h) vont être débâchés spécialement pour nous!
Quand on découvre l’Aérotrain pour la première fois, on peine à croire que ce projet a réellement existé tant il semble relever de la science-fiction. Pourtant, ses chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 18 km de voie test construits dans le Loiret, des prototypes capables d’atteindre plus de 430 km/h dès les années 1970, et une promesse de consommation bien inférieure à celle des trains classiques. À une époque où le TGV n’existait pas encore, l’Aérotrain avait déjà posé les bases d’un transport ultrarapide, silencieux et futuriste.


Plus on plonge dans l’histoire du projet, plus on découvre des anecdotes incroyables. Comme ces séances d’essais où le prototype dépassait les vitesses autorisées sur la voie expérimentale, obligeant les ingénieurs à improviser des solutions d’urgence. Ou encore la façon dont certains pilotes décrivaient la sensation de glisser « comme sur un coussin invisible », le bruit du moteur résonnant dans la structure légère du véhicule. Le projet attirait alors curieux, journalistes, ministres et même des délégations étrangères fascinées par la technologie française.


Malgré ses performances, le destin de l’Aérotrain a été rattrapé par une combinaison de décisions politiques, de contraintes budgétaires et d’intérêts divergents. Au moment où l’Aérotrain semblait prêt à entrer en service, le gouvernement réaffirme son soutien au développement du TGV, jugé plus compatible avec les infrastructures existantes et soutenu par un réseau industriel puissant. L’Aérotrain, lui, nécessitait des voies surélevées spécifiques, coûteuses à déployer à grande échelle. Le rêve ralentit, puis s’arrête brutalement. En 1977, le projet est officiellement abandonné.
Même s’il n’a jamais roulé en exploitation, l’Aérotrain a laissé une empreinte remarquable dans la culture populaire. Son allure profilée, ses lignes blanches tendues sur un monorail de béton et son design presque organique rappellent directement les véhicules rétro-futuristes qu’on retrouve dans les bandes dessinées françaises des années 70 (Métal Hurlant, Jean-Claude Mézières, Moebius). Plusieurs œuvres audiovisuelles s’en sont librement inspirées : la série Les Visiteurs du Mercredi utilisait le prototype comme décor, et dans La Jetée ou même certains épisodes de Doctor Who, on retrouve des structures visuellement proches de sa voie suspendue. Au-delà des références directes, on perçoit son héritage dans nombre de mondes futuristes où circulent des engins silencieux qui glissent au-dessus du sol.








Grâce au travail passionné de l’association Jean Bertin, l’Aérotrain ne sombre pas totalement dans l’oubli. Restaurer un engin aussi complexe demande du temps, des compétences et un engagement sans failles. Le classement du prototype 01 au titre de monument historique en 2023 marque une étape importante. Certains rêvent même de créer un lieu d’exposition permanent, où le public pourrait redécouvrir ce morceau d’histoire. L’Aérotrain ne reprendra sans doute jamais la route, mais son héritage technique et culturel continue d’exister.


L'association est actuellement à la recherche de financement pour mettre les Aérotrains à Gometz afin qu’ils soient protégés et vus par tous (accompagnés d'autres inventions de Jean Bertin), suite au déménagement au 121ème régiment du Train à Montlhéry, dont l'accès est restreint au public.
Voici le flyer transmis par les membres de l'association et qui vous permet de soutenir l'association et son projet de préservation. Comme toutes donations, elles sont déductibles des impôts.
L'association compte sur un maximum de personnes pour diffuser, partager et faire connaître l'histoire de l'aérotrain et pouvoir préserver cette part de l'industrie et de l'innovation française.
QUELQUES CHIFFRES
LE RÊVE QUI PREND FORME...
.... POUR S'EVANOUIR AUSSITÔT
CULTURE POPULAIRE
QUEL AVENIR POUR L'AEROTRAIN ?
DES ZONES D'OMBRES
L’histoire de l’Aérotrain n’est pas seulement faite de records et d’enthousiasme : elle comporte aussi ses zones d’ombre, parfois difficiles à éclaircir encore aujourd’hui. L’un des épisodes les plus mystérieux reste l’incendie du prototype destiné à la ligne La Défense–Cergy, détruit en pleine nuit sans qu’aucune conclusion définitive n’ait été tirée. Accident ? Acte volontaire ? Les archives n’apportent pas de certitude. D’autres parlent de tensions plus profondes entre Jean Bertin et la SNCF, alors engagée dans le développement du TGV. Le projet de train à sustentation, innovant mais incompatible avec le réseau ferré existant, bousculait des intérêts industriels et politiques déjà bien structurés. Ces rivalités, alliées à des arbitrages étatiques complexes, nourrissent encore aujourd’hui un parfum de mystère autour de ce projet visionnaire.








SOUTENIR L'AEROTRAIN
L’autre héritage, plus discret mais tout aussi réel, se trouve dans les projets de transport qui ont émergé après lui. Si le coussin d’air a finalement été abandonné en France, plusieurs programmes à l’étranger se sont appuyés sur des principes similaires : le Transrapid allemand (train à sustentation magnétique), le HSST japonais (maglev urbain), ou encore les monorails rapides développés à Tokyo dans les années 80. Même le premier Shinkansen, pourtant basé sur des rails classiques, partage avec l’Aérotrain une vision commune : vitesse élevée, aérodynamisme poussé, et volonté de réinventer l’expérience du voyage. Plus récemment, certains concepts d’Hyperloop — capsules guidées, friction minimale, voie dédiée — reprennent des intuitions de Jean Bertin et de son équipe. L’Aérotrain n’a peut-être pas survécu, mais ses idées ont nourri, directement ou indirectement, plusieurs des transports les plus innovants du siècle.


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